Il y a quelques temps de ça, j’ai découvert sur Instagram Alizée Perrin du compte @encore_un_pas. J’ai beaucoup apprécié son approche à travers la sophrologie et la psychonutrition, ainsi que sa douceur et sa bienveillance !
Je l’ai donc conviée à un live sur mon compte Instagram afin de vous faie découvrir son approche !
Vous avez donc la vidéo Youtube à disposition, et ci-dessous, la restranscription des 30 premières minutes.
Je vous laisse vous imprégner de cette interview croisée !
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Le parcours d’Alizée
Moi : Je voulais t’inviter sur mon compte car tu as une approche qui est liée à la sophrologie, est ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur toi et ton parcours et te présenter ?
Alizée : Bonjour à tous ! Je suis Alizée, j’ai 26 ans, je suis sophrologue, et je suis spécialisée dans la psychonutrition, donc tout ce qui touche à l’apaisement du comportement alimentaire.
Avant, j’étais ingénieure informatique, rien à voir !
J’ai souffert également de troubles alimentaires pendant plusieurs années. J’avais une relation troublée avec la nourriture depuis l’enfance, et j’ai eu des troubles alimentaires sévères qui se sont développés, ça a duré 7 ans.
A la fin de ces troubles, j’ai décidé d’aller mieux. Et c’est là que j’ai fait ma reconversion professionnelle. Car non seulement ça m’a donné envie d’aider d’autres personnes, mais aussi, en guérissant, j’ai eu un déclic.
En guérissant, j’ai retrouvé mon identité en tant que personne, et j’ai eu envie de vivre ma vie, et d’arrêter de passer à côté de ma vie !
Moi : Je connais ça !
Jusqu’à quel âge ont duré tes troubles du comportement alimentaire (TCA) ?
Alizée : Depuis petite, j’avais déjà cette notion de régime, le fait que « le corps mince, c’est important ».. Mes TCA par la suite se sont développés plutôt vers l’adolescence, à partir de mes 15 ans. Cela fait suite à un traumatisme que j’ai eu quand j’avais 15ans. J’ai eu une amnésie traumatique, et pendant tout le temps de cette amnésie traumatique, mes TCA se sont manifestés. Cela a commencé par de l’hyperphagie. Puis un jour j’ai commencé par me faire vomir, et cela a viré en crise de boulimie.
Je compensais par les vomissements, par le jeun, par le sport intensif.. J’ai commencé à compensé ces crises.
J’ai commencé un transition vers 2017. Ca a duré 7 ans. Ca ne s’est pas arrêté d’un coup.
J’ai toutefois arrêté les vomissements, car j’étais dans une phase sévère où c’était plusieurs fois par jour.
Moi : Cela me fait écho quand je t’entends dire que tu avais cette image de la minceur, que tu avais de la valeur en étant mince. C’est typiquement l’image que j’ai eue par mes parents. Même si ça n’a jamais été directement dirigé contre moi, mais je voyais bien dans leurs yeux que « C’est quand même mieux si t’es mince ». Je pense qu’inconsciemment, j’ai intériorisé cette règle, qu’aux yeux de la société, c’est mieux si t’es mince.
J’entends aussi parfois de la part de femmes qu’elles ont eu des remarques étant jeune, ou que leur mère les a amenées très tôt chez une diététicienne, que depuis elles enchaînentn les régimes.
Depuis leur poids a fait l’effet yoyo…
Est-ce que pour toi, tu as eu une remarque en particulier, ou tu as eu des « petits trucs » comme ça disséminés au fil de l’eau ?
Alizée : Ca résonne en moi tout ça ! Actuellement, je n’en veux pas du tout à mes parents. C’est surtout ma Maman, qui avait un gros mal être avec son physique, qui elle-même a fait depuis toute jeune plein de régimes.
Etant petite, j’ai commencé à prendre du poids, mais vraiment pas grand-chose !
Du coup j’ai eu beaucoup de remarques, me disant « Ben va falloir faire attention », « Va falloir se restreindre » ! Donc des aliments ont été supprimés.
Dès mes 8ans, j’allais en cachette manger dans les placards. Et durant toute mon adolescence, j’ai eu des commentaires sur mon poids, en me disant « Ah t’as grossi », « Ah là c’est bien t’as maigri, faut que tu restes comme ça ! ».
Ces commentaires venaient de ma famille. Je pense que ce n’était pas méchant, c’est juste qu’elle voulait que je sois heureuse, et malheureusement, c’est de la grossophobie internalisée.
Pour elle, si je prenais du poids, je n’allais pas pouvoir avoir d’amoureux ou d’amoureuse, je n’allais pas pouvoir avoir le travail que je voulais… Alors que c’est faux !
Pour ma mère, fallait qu’on soit mince. Aujourd’hui, c’est un sujet dont on peut parler, il y a des remarques qui ne sont plus faites. Mais jusqu’à il n’y a pas si longtemps que ça, c’était le scan. « Ah t’as perdu », « Ah t’as repris »…
Finalement, ça s’est arrêté quand j’ai commencé à poser la question « Mais finalement à quoi ça te sert de poser la question ? Car ça me fait du mal d’entendre ça, et ça ne m’avance pas à grand-chose ».
Moi : Je vois bien ma mère, elle est encore dans une mentalité de régimes, et n’est jamais satisfaite de son corps. Depuis que m’intéresse à tout ça, elle s’y intéresse aussi, mais je sens bien que le chemin est encore long, et que la culture des régimes est très présente dans notre société de manière générale !
La sophrologie dans la relation avec la nourriture
Moi : Pour revenir à ta spécialité, en quoi la sophrologie peut aider à apaiser sa relation à la nourriture ?
Alizée : Plein de choses !
Déjà, ne serait ce que par rapport au moment présent.
Quand on a des troubles alimentaires, on a tendance à beaucoup penser au passé, à ruminer.
Comment j’ai pu en arriver à ça, à ces compulsions, comment j’ai pu rater tous mes régimes.. On rumine, et on anticipe beaucoup. Que ce soit l’anticipation des repas, le stress des futurs repas, ou juste l’anticipation des potentiels régimes qu’on va pouvoir tester !
On n’est pas assez dans le moment présent et dans l’écoute de nos sensations alimentaires ! C’est la base, ça ne fait pas tout mais c’est la base.
La sophrologie permet de prendre conscience de son souffle, de son mouvement, de la conscience de soi et de son corps. Cela permet de revenir dans le moment présent, à se demander ce que je ressens dans le moment présent, ici et maintenant.
On peut ensuite faire plein d’expérience de pleine conscience avec la nourriture, de sensations alimentaires.
On va aussi travailler beaucoup sur le schéma corporel.
La sophrologie est aussi tout un travail en conscience sur les schémas de pensées.
Quand on est dans une visualisation de sophrologie, on est dans un état de conscience modifié, et il y a moins de barrière. Il n’y a pas tous les filtres que l’on se met au quotidien.
Et là, on peut changer des petits mécanismes de pensées face à la nourriture, face au poids. C’est pour ça aussi que je me sers de la sophrologie dans mes accompagnements.
Cela permet aussi de régler tous les problèmes de gestion des émotions : « Je mange quand je suis anxieuse, je mange quand je suis stressée, je mange quand je suis en colère ».
Avec la sophrologie, on apprend justement à gérer ses émotions, autrement qu’en les canalisant forcément que par la nourriture.
Moi : Ce principe du moment présent est toujours pour moi un sacré challenge ! Je suis toujours en train de penser à l’après ! Sans forcément que ce soit à propos de la nourriture, mais dans la vie de manière générale. Et finalement, en étant dans cet état d’esprit, je ne savoure même pas ce que je suis en train de faire ! Tu passes à côté !
Canaliser sur l’instant T, pour ma part, il me faudrait une bonne dose de sophrologie !
Alizée : C’est hyper important ce que tu viens de dire, car on est tout le temps en train de faire quelque chose, et en fait, on cherche tout le temps à s’occuper l’esprit ! Cela peut être avec la nourriture, mais cela peut être aussi avec un livre, une série, être avec des potes.. Et au bout d’un moment, on peut se poser la question « Pourquoi est ce qu’on fait ça ? ». Est-ce pour éviter de faire certaines choses ?
N’y aurait il pas un rituel mis en place pour échapper à quelque chose ?
Moi : Effectivement, se tourner vers la nourriture quand ça ne va pas, c’est ok. Pour sortir de ce schéma, faire l’effort de se demander au moment de manger pourquoi j’ai cette envie de manger ? Même si après cette réflexion on mange, ce n’est pas grave ! Mais déjà de faire ce chemin, et de s’interroger sur « Pourquoi on fait ça », c’est toujours mieux qu’avant, où on ne s’interrogeait pas ! C’est tout un process, car cela demande forcément un effort, et notre mental ne voudra pas faire cet effort de chercher pourquoi.
Mais si on veut un peu sortir de tout ça, c’est bien de se poser des questions.
Le poids et l’effet yoyo
Moi : Est-ce que ton poids a finalement fait l’effet yoyo depuis ta naissance, ou tu as stagné tout au long de ta vie ?
Alizée : A l’adolescence, je faisas beaucoup de sport. Mais mon poids a clairement fait un gros yoyo.
Mes TCA n’ont pas commencé à cause de mon poids, je n’avais pas de problème avec ça. Je regardais pas mon corps dans le miroir, je m’en fichais totalement !
C’est une bonne question d’ailleurs à se poser : quand est ce que ça a commencé, et pourquoi ça a commencé !
Mon poids a énormément fluctué et a fait pas mal le yoyo.
Au cœur de la boulimie, il y avait des périodes où je pouvais perdre 7 kilos en 1 semaine, car je jeunais. Mais c’est très dangereux de faire ça !
Puis j’ai eu une période où j’ai pris beaucoup de poids, car j’ai arrêté la compensation, le vomissement, le jeûn.
Tant que j’étais focalisée sur mon poids, j’étais soit triste parce que j’en prenais, mais quand j’en perdais j’avais peur d’en reprendre.
Donc en fait, c’était un truc infernal qui ne s’arrpetait pas ! Ce que j’ai fait, c’est que j’ai fini par repasser par des phases de restrcition car je voulais perdre ce poids (c’était une erreur mais bon voilà !). J’ai fini par me débarrasser de la balance, car je me pesais tous les jours.
A partir de là, j’ai bien avancé dans mon processus de guérison. Et là, ça a été la libération, et j’ai pu me focaliser sur autre chose.
Je dois maintenant faire 20kilos de plus par rapport au début de toute cette histoire, mais j’ai tellement gagné en liberté que jamais je ne retournerai en arrière, je m’en fiche totalement !
J’ai un corps de femme puissante ! Il a supporté plein de choses ! Et je suis contente de l’avoir et de pouvoir faire ce que je veux !
Moi : C’était ma question : Te sens tu plus heureuse maintenant qu’à une époque où ton poids était peut être inférieur à celui d’aujourd’hui ?
Alizée : Oui. On a cette peur de grossir pendant la guérison, mais cette peur est normale. Je trouve que c’est bien de se poser toutes ces questions et de parler de cette peur.
Aujourd’hui je dirais que je me suis retrouvée. J’ai encore du chemin au niveau émotionnel, mais la question du poids est aujourd’hui tellement annexe !
Moi : Ca me fait tellement écho quand tu me parles de ta relation avec ta balance ! Car moi c’était mon gros problème ! Je n’ai jamais vraiment fait de régime drastique. Je n’ai jamais vraiment eu de diabolisation des aliments, mais je me pesais TOUT LE TEMPS ! Tous les jours, plusieurs fois par jour !
Jusqu’au jour où j’ai mis ma balance au placard. Il y a eu une phase de stress, mais je me suis rendue compte que je me sentais davantage libérée de ne plus me peser !
On se reconnecte plus à soi, à ses besoins, ses envies, c’est vraiment une libération !
C’est un conseil quand on veut faire la paix avec la nourriture : se détacher de la balance, des calories, des points… C’est vraiment une étape à franchir.
En restant dans ce comptage là, on reste dans une mentalité de régime où le poids reste au centre de nos préoccupations.
Les points communs des femmes enfermées dans des régimes
Ce que je remarque dans les femmes que je croise, c’est que ce sont souvent des femmes qui ont fait pas mal de régimes, qui ont eu tendance à beaucoup catégoriser les aliments.
Souvent, on comment un régime suite à une insatisfaction corporelle.. Ce sont souvent les points communs que je remarque entre toutes ces femmes qui ont du mal à aoir une relation sereine avec la nourriture.
Je ne sais pas si tu as d’autres exemples ?
Alizée : En dehors du fait que oui, les restrictions peuvent déclencher ça, ainsi qu’une mauvaise image corporelle, j’ai beaucoup de personnes qui en dehors de ces points communs ont des profils très perfectionnistes, très sensibles, et ont passé leur vie à ne pas oser vraiment exprimer leurs besoins, qui ont passé leur vie à vivre au travers les attentes des autres.
Ce sont donc des personnes qui ne savent pas vraiment qui elles sont en dehors de tout ça.
Ce sont des personnes qui vivent pour les autres, qui ne vivent pas pour elle. J’ai l’impression que c’est beaucoup ça que je retrouve.
Les conseils pour prendre soin de soi
Moi : As-tu des conseils à nous donner pour prendre soin de soi, soin de son corps, être bienveillante envers soi même ?
Alizée : Et bien je pense que ça commence par la manière dont on se parle.
Et ça, c’est un travail sur les pensées. C’est essayer de se parler comme à une amie.
Parler aussi à son enfant intérieur. C’est un exercice que j’utilise beaucoup en sophrologie.
Ca peut être écrire une lettre à son enfant intérieur, à l’enfant qu’on a été, la rassurer sur ses émotions, sur son corps.
Et ça peut être écrire une lettre à soi même.
Ca passe beaucoup par l’écriture. Car je pense que les mots peuvent avoir un gros impact sur notre cerveau.
Sélectionner aussi des activités qui vont vraiment vous faire plaisir. Quel type de mouvement va vous animer ?
Allez-y doucement en fonction de vos capacités. Et puis aussi parce que le mouvement est un excellent moyen pour exprimer et canaliser vos émotions. Prendre soin de son corps, c’est aussi laisser les émotions traverser votre corps. Si vous les laissez s’acumuler, vous allez avoir des douleurs qui sortent d’on ne sait où !
Ne laissez pas les émotions s’accumuler dans votre corps, car elles trouveront toujours un moyen de sortir ! Le problème c’est qu’elles s’expriment souvent par le corps.
Donc exprimez vos émotions, bougez, faites de la danse, sautez, et laissez les émotions sortir !
Le self care ne passe pas QUE par se faire des masques ! Ca passe aussi par profiter du moment présent.
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J’espère que cet échange vous aura plu, et vous aura ainsi apporté des pistes de réflexions. Sachez en tout cas que la sophrologie est donc un outil supplémentaire que vous pouvez ajouter dans votre trousse pour faire la paix avec la nourriture.
N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaires, que ce soit avec la sophrologie ou avec votre rapport à la nourriture !
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